Glouglou : plus qu’une histoire de bulles

Par Caroline Fontaine

Depuis quelques mois seulement, les habitants de l’Est sont témoins d’un vent de fraîcheur nouvellement installé dans leur quartier : un dépanneur de bières, vins et cidres québécois a maintenant pignon sur la rue King Est. Charles Picard-Duquette nous raconte la route qui les a menés, lui et ses copropriétaires Noémie Lavoie et Éric Curadeau, vers cette oasis.

Tout a commencé dans une cuisine

On pourrait dire que cette histoire a commencé dans la cuisine du Cacao 70 du centre-ville de Sherbrooke. Pourquoi? Parce que c’est là que Charles rencontre Noémie, qui deviendra, en plus de sa copine, sa partenaire d’affaires. Les deux jeunes au début de la vingtaine lancent alors leur service traiteur en louant la cuisine de la défunte Capsule. On pourrait aussi dire que cette histoire a commencé à Varennes. En effet, Charles est originaire de cette ville et dès son jeune âge – depuis qu’il a huit ans pour être précis – il sait qu’il deviendra entrepreneur. L’inspiration ne lui vient pourtant pas de modèles parentaux, mais plutôt de l’imaginaire autour de l’inventeur, du genre de celui qui crée un produit miracle, le commercialise et devient propriétaire d’une entreprise prospère. La suite lui donnera raison. Sur son choix de carrière plutôt que la manière, mais tout de même. Ce sont les études au Cégep de Sherbrooke qui le mènent vers la reine des Cantons et il y restera, complètement amoureux de la ville : « Sherbrooke – pour vrai, j’ai le droit de le dire, je ne viens pas d’ici – est la plus belle ville. Il y a tout, c’est dynamique. »

Ça se poursuit sur une terrasse

Après quelques mois pour Noémie et Charles à squatter la cuisine côté Well Sud, leur désir de posséder leur propre local grandit sans cesse. Ils dénichent un petit bijou, perle au fond de l’océan, qui deviendra ce lieu mythique, la plus belle terrasse de Sherbrooke, qu’est la Buvette. Ça fait à peine trois ans que ce bar est installé au centre-ville et on a l’impression qu’il y est depuis belle lurette. « C’est ce que les gens me disent souvent », ajoute Charles en riant. Leur objectif, à travers la Buvette, est d’offrir des produits québécois, de qualité et diversifiés, mais ils ont également à cœur l’environnement et se tournent autant que possible vers des produits réutilisables (serviettes de table, petits pots pour le service, etc.). Le menu est entièrement végétarien, choix logique et cohérent pour les deux jeunes qui habitent à distance de marche de leur travail et ne possèdent qu’une voiture. Les six premiers mois de la Buvette auront été le moment le plus difficile à surmonter pour Charles, car l’argent semblait se volatiliser – il n’en dormait plus. Rapidement, des modifications ont été apportées et l’engouement a fait son chemin avec la brise estivale. Pour ce bar, l’été représente plus de la moitié du chiffre d’affaires. Remis sur les rails assez rapidement, la Buvette remporte un succès bien au-delà des attentes des deux jeunes propriétaires qui songent déjà, après une première année, à une nouvelle succursale.

Leur projet prendra une tout autre tournure avec les événements de 2020. Avouant sa grande déception quant au traitement que le gouvernement a réservé aux restaurateurs en les empêchant d’ouvrir et de vendre de l’alcool, Charles indique qu’ils ont dû repenser les prochaines étapes de la Buvette qui heureusement a pu ouvrir pendant l’été 2020, se tirant assez bien des secousses financières.

Le dépanneur est ouvert!

C’est donc en janvier 2021 que Noémie et Charles, accompagnés cette fois-ci de leur collègue des tous débuts de la Buvette, Éric Curadeau, mettent sur pied Glouglou. S’installer dans l’est de la ville aura été une décision facile à prendre. D’abord, ils ne voulaient pas être trop près du Vent du Nord, entreprise qu’ils respectent énormément. L’idée n’est pas de lancer la compétition, surtout dans ce petit marché des bières de microbrasserie : « On gagne tellement plus à aller chercher une clientèle dans le 80% plutôt que de se battre pour le 20% qui achète déjà de la bière de microbrasserie », affirme Charles. Pour eux qui sentent avoir participé à la revitalisation de la rue Wellington avec la Buvette, le quartier représente un autre lieu en pleine transformation et ils sont heureux d’être encore au cœur de cette mutation. « C’est un coin dynamique, avec le Cégep à côté et le plus grand employeur de la région tout près. » Une promotion est d’ailleurs valide chez Glouglou pour les travailleurs et travailleuses du domaine de la santé. Ne vous en faites pas, personne ne sera en reste, car une autre promotion permanente propose des frigos où vous pouvez obtenir six bières pour 20$.

Les produits locaux sont mis de l’avant

Le désir du trio de propriétaires de Glouglou est de répondre à la curiosité de quiconque tout en démocratisant et « démasculinisant » la bière, en plus d’offrir une sélection de cidres et vins québécois, qu’ils désirent voir grandir dans les prochains mois. Dans le local aux couleurs pastel, les bières sont classées par style (et non par microbrasseries) pour favoriser la découverte. Le conseiller sur place connaît les produits, mais également les producteurs. Après quelques mois d’opération, la réponse est déjà favorable et Charles se dit satisfait : « Je voulais surtout savoir si les gens revenaient. Et oui! Alors, nous sommes contents. Plusieurs clients proviennent directement du quartier, répondant aussi à notre désir d’être un commerce de proximité. » Déjà, un esprit de communauté et de collaboration s’installe, d’ailleurs avec leurs voisins proches, les gars de Géogène microtorréfacteur. Quelques événements festifs de dégustation ont lieu durant l’été dans leur cour arrière. Le bon voisinage, les produits locaux et la rencontre sont au cœur de ces moments. La rue King Est est amenée à changer et c’est un commerce à la fois, avec une vision, des humains et des rencontres qui en modifieront les courbes.

0 réponses

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *