L’Horlogerie Gagnon : 40 ans de passion à perfectionner un art aujourd’hui unique dans la région
L’Horlogerie Gagnon, située au 530 rue King Est est une véritable institution de Sherbrooke qui cumule 40 ans d’histoire et renferme une expertise unique dans la région. Les deux propriétaires de toujours, Bernard Gagnon et Johanne Carignan ont réparé plus de 7 000 horloges à travers le temps et continuent de perfectionner cet art à coup de passion et d’ingéniosité. Cap sur le quotidien et l’histoire de ce duo d’artisans-horlogers pour qui le temps n’a plus de secret.
Un repère d’artisans du temps
Sous les cliquetis d’une cinquantaine d’horloges qui recouvrent les murs de leur petit atelier, Bernard Gagnon et sa conjointe Johanne Carignan travaillent sans relâche et avec une minutie au quart de tour depuis plus de 40 ans. « Ça fait 38 ans que nous sommes mariés, mais ça compte double puisqu’on travaille ensemble en plus! », lance à la blague l’artisane-horlogère Johanne Carignan.
Entrer à l’Horlogerie Gagnon, c’est entrer dans un musée ou comme pousser la porte de chez ses grands-parents. On peut ressentir une nostalgie de ses petits plaisirs d’autrefois : se laisser bercer par les cliquetis des pendules, contempler les beautés du travail de boiserie sur la multitude d’horloges accrochées aux murs ou, se faire surprendre par les chants des coucous qui résonnent à chaque heure.
Le duo d’artisans-horlogers travaille avec cette nostalgie et la charge émotive de leurs clients qui leur apportent quotidiennement des horloges ayant appartenu à leur famille et qui ont su braver le temps. Ils doivent ainsi gagner la confiance de leur clientèle, chose qu’ils réussissent en un rien de temps grâce à l’atmosphère familiale et conviviale qui se dégage de leur accueil et de leur chaleureux petit atelier.

Aujourd’hui, les horloges pour réparation viennent de partout dans la région et même du Québec, puisque l’art de l’horlogerie se fait de plus en plus rare. La clientèle est variée, jeunes et moins jeune, de Sherbrooke à Montréal passant par la Gaspésie, et même, de la Côte Nord. Il n’y a pas de zone géographique pour faire réparer un objet à valeur sentimentale.
« Ce sont des vieux métiers, mais on ne manque pas de travail », confie l’horloger Bernard Gagnon. Caché dans leur petit atelier chaotique derrière le grand comptoir d’accueil, Johanne et Bernard travaillent avec minutie, patience, débrouillardise et un sens de la mécanique développé. Munies de petites loupes qu’ils accrochent à leurs lunettes, ils ont un air de scientifiques du temps perdu. « Il faut être capable de voir en grand dans notre tête ce que l’on voit en minuscule devant nous. Ce sont des mécanismes complexes et souvent centenaires », raconte passionnément Bernard.
« Mêmes si on travaille en horlogerie, le temps passe et on manque de temps », raconte poétiquement Johanne. Plus que jamais l’Horlogerie cumule les demandes de réparation et il faut désormais près de deux mois d’attente pour faire réparer une horloge. « Ce n’est pas un travail de routine, chaque horloge est différente. Ça peut prendre une journée complète pour en réparer une. On doit parfois construire ou reconstruire des pièces qui ne sont plus disponibles. Une fois l’horloge réparée, on doit la laisser fonctionner une bonne semaine pour s’assurer de la qualité de notre travail », explique Johanne.
Ce qui les passionnent dans leur travail? Les défis au quotidien et avoir les deux mains dans l’histoire. « Chaque horloge à son défi. Après 40 ans, il nous arrive encore des choses que nous n’avons jamais vu. La plupart des horloges que nous réparons ont plus de cent ans. Au fil du temps, on a même déjà réparé plusieurs fois une même horloge. On a même déjà restauré une horloge datant des années 1600 qui appartenait à un grand collectionneur », raconte avec fierté Bernard.
Une histoire à l’épreuve du temps
Ce métier, Johanne et Bernard l’ont choisi il y a plusieurs décennies s’étant rencontrés à l’École nationale de l’horlogerie de Trois-Rivières. Bernard est fils d’un horloger qui réparait les montres des bijouteries de Sherbrooke dans son petit atelier à la maison. Il a grandi voyant son père manier avec brio les montres autrefois mécaniques avec des mécanismes complexes. Pour sa part, Johanne, native de la Mauricie, avait un grand intérêt pour la mécanique, mais ne se voyait pas travailler dans le domaine automobile. Elle cherchait quelque chose de plus fin et plus compliqué encore. L’horlogerie a été une vraie révélation.
Tous deux fraîchement diplômés de l’École, ils reprennent l’entreprise du père de Bernard et ouvrent un petit local de service à Sherbrooke en 1983. Ils travailleront pendant près de 20 ans avec le père de Bernard qui leur apprendra les rudiments de l’horlogerie. « Même si on avait une formation en poche, c’est un métier qui se développe par la pratique. Nous avons eu la chance d’être guidés par mon père », raconte avec nostalgie Bernard.
L’horlogerie Gagnon sera abritée dans quelques bâtisses à travers le temps, mais toujours dans l’est de la ville et toujours sur la rue King. Elle est située au 530 rue King Est depuis 2008.
Ces gardiens du temps ont été aux premières loges de la technologie et on fait preuve d’ingéniosité et d’autodidaxie afin de suivre les changements de la réparation de montres et d’horloges : de la montre mécanique, à la montre à batterie et aujourd’hui, à la montre numérique. Mais la technologie a donné tout un coup dur au métier de réparateur. Les produits étant de plus en plus de mauvaise qualité et les habitudes de consommation étant désormais axée sur acheter neuf plutôt que de réparer. « Si ce n’était pas de la réparation d’horloges, nous ne serions plus là », avoue l’horlogère Johanne.

Quarante ans plus tard, leur temps comme horlogers est malheureusement compté. « On a commencé comme étant la relève, aujourd’hui, nous sommes les plus vieux et de la relève, il n’y en a plus », lance Johanne. L’École d’horlogerie de Trois-Rivières est désormais la seule école de métier de tout le pays et les diplômés se font rares. « On espère pouvoir trouver une relève et avoir le temps pour la former. Tant que nous sommes capables, nous allons continuer à rouler notre commerce. Nous allons un jour ralentir, mais nous allons surement toujours réparer des horloges à la maison, pour le plaisir », raconte le passionné horloger.
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Renée