Nouveau règlement pour les sacs à usage unique : des solutions proposées pour les commerçants
Dès le 22 avril, dans un souci de respect de l’environnement, la Ville de Sherbrooke interdira aux commerçants de distribuer des sacs d’emplettes à usage unique. Puisque ce nouveau règlement peut s’avérer tout de même complexe pour certains commerçants ou consommateurs, Pro-Gestion Estrie et Commerce Sherbrooke vous proposent quelques solutions soulevées par certains entrepreneurs déjà bien sensibilisés à la cause.
Les activités commerciales visées par cette nouvelle réglementation incluent les épiceries, les boutiques (pour vêtements, entre autres), les magasins à grande surface, les pharmacies, les restaurants et les dépanneurs, principalement. Ce projet de la Ville de Sherbrooke s’est développé de concert avec les collectivités locales.
Selon Alexandre Demers, du Conseil régional de l’environnement de l’Estrie, l’écho est positif de façon générale, tant du côté des commerçants que du côté des citoyens. M. Demers, qui a déjà accompagné plusieurs entreprises dans le cadre du programme de Recyc-Québec « Ici on recycle », connait bien les problématiques qui pourraient être soulevées par les commerçants. Il connait aussi les solutions.
« Je pense que pour la Ville de Sherbrooke, ce nouveau règlement est un geste symbolique en réponse à la pression populaire de plus en plus grande face à l’urgence climatique, explique M. Demers. Il faut d’abord comprendre que ce n’est pas tous les sacs qui sont touchés, on parle principalement des sacs en plastique d’épicerie, qui ne sont pas assez épais pour un deuxième usage. Lorsqu’il est enfoui dans un site d’enfouissement, le sac de plastique ne contaminera rien et il finira par se décomposer, mais ça peut prendre beaucoup de temps (des dizaines d’années, voir des siècles selon la composition et l’épaisseur). Le grand problème, ce sont les sacs qui se retrouvent à l’abandon et qui finissent dans nos rues, nos cours d’eau et nos milieux naturels. C’est aussi beaucoup de transformation d’un produit qui est utilisé qu’une seule fois. »
Les sacs de plastique plus épais, de 100 microns et plus, sont toujours acceptés. Ils sont d’ailleurs bien appréciés dans les boutiques de vêtements, tout comme les sacs en papier. « Les boutiques font imprimer leur logo sur ces sacs, souligne M. Demers. C’est un peu plus cher, mais c’est une forme de publicité pour les boutiques. »
À la Boutique Kitsch, sur la rue Wellington Nord, on a toujours utilisé des sacs en papier. Le règlement n’affectera donc pas leurs clients. Même son de cloche du côté de la boutique Glorius. « Avec le déménagement (Glorius quitte la rue Wellington pour s’établir sur la rue King Ouest), nous revenons au format papier. En ce moment, nous offrons des sacs réutilisables à nos clients », précise Tanya Cloutier, copropriétaire de la boutique Glorius.
Le sac en papier est en fait une bonne solution de rechange. D’ailleurs, ces sacs étaient utilisés dans toutes les épiceries il y a quelques dizaines d’années. « Ils ont été remplacés par les sacs de plastique, car ceux-ci coûtaient moins cher, précise M. Demers. Le sac de papier est une solution de rechange. Il fait le travail et la fibre peut être récupérée. Cependant, c’est un sac qu’on utilise souvent qu’une seule fois. »
Le système de consigne et la sensibilisation auprès des citoyens
L’été dernier, la chaîne Sobeys, à la tête des supermarchés IGA, a annoncé qu’elle retirait graduellement les sacs d’épicerie en plastique de tous ses magasins. Ce règlement entre officiellement en vigueur le 19 mars prochain. Les supermarchés IGA de Sherbrooke, quant à eux, font partie d’un projet-pilote qui offre des sacs réutilisables en coton et consignés aux clients.
Chez IGA Extra à Fleurimont, le propriétaire René Couture souligne que les sacs en plastique n’existent déjà plus dans son magasin. « L’objectif est que tous les clients apportent leurs propres sacs réutilisables. Nous voyons une différence depuis longtemps dans les habitudes des clients. En fait, le retrait des sacs en plastique est d’abord une demande des clients. Ceux et celles qui travaillent sur le plancher se font parler du suremballage et du retrait des sacs en plastique depuis longtemps. »
Sans sacs de plastique, les clients au IGA ont le choix d’apporter leurs propres sacs réutilisables, d’utiliser les sacs de papier offerts à la caisse, acheter des sacs réutilisables à la caisse (99 cents chacun) ou encore, utiliser un sac réutilisable en coton prêté par le magasin, en échange d’un montant de six dollars remis lorsque le client rapporte le sac. Le sac est ensuite lavé et remis en circulation.
Mais est-ce que le système de consignation est une bonne solution pour tous les commerces ? « C’est intéressant comme solution, répond M. Demers. Les gens oublient souvent leurs sacs à la maison, alors le système de consignation peut être intéressant plutôt que d’acheter chaque fois un sac réutilisable. Par contre, les frais rattachés au lavage et à la gestion des sacs me font croire que ce n’est pas toutes les entreprises qui ont les moyens de le faire. Une autre bonne solution, c’est de responsabiliser les consommateurs. »
Jamais sans mes contenants réutilisables

L’interdiction des sacs d’emplettes à usage unique n’est que la première étape du projet, puisque la Ville de Sherbrooke vise tous les articles à usage unique. « Les autres étapes ne sont pas encore déterminées, car nous voulons les établir en concertation avec les milieux, indique Ingrid Dubuc, directrice du bureau de l’environnement à la Ville de Sherbrooke. La réflexion se fera au cours de l’année 2020. »
Les articles qui pourraient être concernés dans cette deuxième étape sont les contenants pour emporter, les sacs à légumes et à vrac, entre autres. « On ne peut pas traiter tous les objets de la même façon, souligne Stéphanie Gagné-Clermont, agente de projet en environnement pour la Ville de Sherbrooke. Pour certains objets, on pourrait appliquer un règlement et pour d’autres, ce serait de l’accompagnement ou des actions de sensibilisation. Notre stratégie est à développer et tout dépendra des concertations. »
Sherbrooke tient tout de même à rappeler aux commerçants qu’ils ne sont pas obligés d’attendre les stratégies de la Ville avant d’être innovateurs, de proposer de nouvelles idées écoresponsables ou d’appliquer des changements dans leur commerce.
Le propriétaire du restaurant Baladi, Jamal Zerouali, est bien d’accord avec ce nouveau virage de la Ville et indique qu’il s’ajustera en se tournant vers des articles réutilisables. « On espère aussi que les clients feront leur part, en amenant leurs propres contenants, souligne-t-il. Ça nous fait toujours plaisir de servir nos clients dans leurs propres plats. Quant aux sacs, avec la loi qui approche, nous allons nous procurer des sacs réutilisables. D’autre part, plusieurs de nos clients sont voisins du restaurant et n’ont pas nécessairement besoin de sac. »
Plusieurs citoyens consciencieux ont déjà pris l’habitude d’amener leurs propres contenants lorsqu’il s’agit de plats à emporter. C’est le cas de Patrice Côté, qui travaille à quelques pas du restaurant Baladi, rue Wellington Nord.
« On commence enfin à se rendre compte à quel point nous produisons une quantité importante de déchets par nos gestes d’achats. L’idéal serait d’en arriver à se responsabiliser en accordant de la valeur aux moindres ressources qui nous passent sous la main », indique l’entrepreneur, propriétaire de l’agence Basta Communication.
Les sacs autorisés sont :
- Les sacs réutilisables, conçus spécifiquement pour être utilisés à plusieurs reprises et constitués de fibres textiles naturelles ou synthétiques résistantes.
- Les sacs de papier, composés uniquement de matière papier recyclable, incluant les poignées ou tout autre élément faisant partie intégrante du sac.
- Les sacs utilisés pour les articles en vrac, tels que les fruits, les légumes, les noix, les produits de grains, la farine, les aliments préparés, les viandes, les poissons, les produits laitiers, les pains et les produits de quincaillerie.
- Les sacs utilisés pour les vêtements ayant fait l’objet d’un service de nettoyage à sec.
- Les sacs utilisés pour emballer les pneus.
Pour en savoir davantage sur la loi concernant les sacs à usage unique, rendez-vous sur commercesherbrooke.com ou sur sherbrooke.ca/jereduis.
Sur les photos, Arianne Gagnon, de la boutique Kitsch, et Patrice Côté, de Basta Communication.
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