HISTORIQUE DE LA RUE KING EST

Les débuts du quartier Est
écrit par Patri Arch

L’histoire urbaine du quartier Est débute en 1852, avec l’annexion à la municipalité de Sherbrooke d’une partie des terres présentes sur la rive droite de la rivière Saint-François et la planification d’un premier tracé de rues.

Bien qu’habité depuis 1808 par les Terrill, une famille pionnière de Sherbrooke qui entreprend dès son arrivée des travaux de défrichement afin d’aménager sa propriété en vaste terres agricoles, et marqué par l’ouverture du chemin Gosford, en 1838, qui passait à l’origine par les actuelles rues King Est et Papineau, ce secteur ne connaîtra pas de véritable développement avant les années 1870.

Le peu d’intérêt porté à la partir orientale de la municipalité de Sherbrooke s’explique par trois principaux facteurs. Premièrement, la topographie particulière des lieux où les berges de la rivière Saint-François, humides et sujettes à de nombreuses inondations printanières, laissent rapidement place à une dénivellation abrupte.

Deuxièmement, la présence d’un seul et unique lien entre les deux berges, le pont Aylmer, une structure de bois couverte construite en 1837, qui sera pendant plusieurs années grevée d’un droit de passage pour toute industries susceptibles de créer de l’emploi, le secteur ne profitant d’aucune force hydraulique d’importance.

Bien qu’éphémère, l’ouverture d’une importante usine œuvrant dans le domaine des conserves de viande, la Canadian Meat and Produce Co., en 1874, alliée à l’installation des ateliers de fabrication et de réparation de la compagnie ferroviaire Québec Central Railway dans le quartier Est auront tôt fait de changer la donne en attirant progressivement une population de journaliers majoritairement canadiens-français. Bien que non négociables, ces industries ne contribueront que selon une faible proportion au développement plus que soutenu que connaîtra le quartier Est à partir des années 1885. Cet afflux de population, qui justifiera rapidement la création de la paroisse catholique Saint-Jean-Baptiste (1884), de trois nouvelles écoles construites en 1885 et 1886, dont deux catholiques et une protestante, ainsi qu’une desserte anglicane baptisée Church of Advent (1888), par certains développements de grande envergure qui allaient marquer de façon durable le quartier Est.

Le pont Aylmer (structure de bois et plus tard structure métallique construite en 1929 et photo de l’Église Saint-Jean-Baptiste.

À partir des années 1885, le quartier Est amorce un nouveau chapitre de son histoire avec la vente successive, par la succession Terrill, de parcelles de terres qui composaient à l’origine la vaste propriété agricole. Au cours de cette même année, la nouvelle Eastern Townships Agricultural Association se porte acquéreur d,une partie importante des terres dans le but d’y installer son terrain d’exposition. Le site, qui accueillera bientôt plusieurs bâtiments ainsi qu’un hippodrome de 800 mètres de circuit doté d’une immense tribune couverte, est accessible par une nouvelles avenue tracée à partir de la rue Bridge (King Est) et qui prendra l’appellation  Pine Avenue (aujourd’hui rue du CEGEP).

Peu après 1886, la nouvelle corporation du Sherbrooke Protestant Hospital, se vit offrir par la famille Terrill un terrain de 11 acres, situé face au terrain de l’Exposition agricole, sur lequel sera construit un hopital en 1894. En 1890, le conseil municipal se portera à son tour acquéreur pour un montant de  9 000$  d’un boisé de 65 acres appartenant à la famille Terrill dans le but d’aménager l’endroit en parc et loisirs pour la population. L’endroit prendra le nom de Parc Victoria.

hopital Saint-Vincent-de-Paul

Devenu un véritable pôle institutionnel et récréatif au cours des décennies 1880 et 1890, le quartier Est voit son statut se confirmer davantage avec la construction, en 1909, de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul. Construite sur un vaste site situé à mi-chemin de la partie abrupte de la rue King Est, l’institution hospitalière, dont les plans ont été réalisés par l’architecte Charles Chaussé, constitue le premier modèle présentant un corps central auquel se rattache des pavillons en ailes à être construit à Sherbrooke. La structure d’origine, qui sera agrandie en 1926 et 1941 selon les plans de l’architecte J.W. Grégoire, de Sherbrooke, connaîtra d’autres agrandissements majeurs, notamment en 1960, 1967, 197 et 1981.

Avec le développement du quartier et par le fait même l’augmentation du trafic, le pont Aylmer, originellement couvert de bois, laissera place à une nouvelle structure métallique à trois arches en 1898, qui accueillera dès la fin des travaux, une ligne de tramway menant vers les terrains de l’Exposition agricole. Reconstruit à nouveau en 1929, cette fois en acier et en béton, le pont Aylmer restera le seul pont permettant de relier les deux rives de la rivière Saint-François jusqu’en 1949. Cette situation particulière, alliée à l’attrait grandissant suscité par les nombreuses infrastructures scolaires, religieuses, hospitalières et récréatives conféreront au quartier Est un cachet particulier, distinct des autres quartiers de la municipalité de Sherbrooke.